Économie circulaire: un modèle de prospérité
La raréfaction des ressources est le prochain défi auquel l’humanité doit faire face. Les activités liées au modèle de l’économie linéaire qui consistent à extraire, fabriquer, utiliser puis jeter, conduisent à l’épuisement des ressources naturelles. Nos prélèvements dépassent aujourd’hui très largement la biocapacité de la Terre, c’est-à-dire sa capacité à régénérer ses ressources renouvelables, à fournir des ressources non renouvelables et à absorber les déchets (1).
par Angelica Pruncu Cutile, Conseillère municipale
CARACTÉRISTIQUES DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Essentielle et performante, l’économie circulaire représente aujourd’hui une véritable alternative aux modes de production, de distribution, de consommation et d’élimination non durables de l’économie linéaire, afin de réduire l’impact de nos modes de consommation sur l’environnement.
L’économie circulaire est un principe d’organisation fondé sur l’écologie industrielle qui vise à réduire systématiquement les quantités de matières premières et d’énergie utilisées à toutes les étapes du cycle de vie d’un produit, d’un appareil ou d’un service.
ECOCONCEPTION À L’APPUI
Animée par une forte éthique environnementale, l’écologie industrielle intègre à toutes les étapes de la production: conception, fabrication, distribution, exploitation de produits, appareils ou services, une exigence écologique d’absence de rejets, d’économie de ressources, de réparabilité de ses composants et de réutilisation de l’ensemble des matériaux.
Ainsi, basée sur ce modèle de production cyclique, l’économie circulaire tire parti de l’ensemble des ressources matérielles et énergétiques selon un cycle théoriquement infini de création et de recyclage, désignée par le concept du berceau au berceau. Mis au point à la fin des années 1980 par le chimiste allemand Michael Braungart et l’architecte américain William McDonough, il a été officialisé en 2002 à travers la certification internationale C2C « Craddle to craddle » (2).
PRÉVENIR ET GÉRER LES DÉCHETS
Economiser l’énergie et les matériaux nécessaires à l’extraction, la fabrication, la transformation, la distribution de produits et l’exploitation de services, allonger la durée de vie des objets et des appareils, optimiser leurs fonctionnalités et en recycler les composants sont les fondements de l’économie circulaire.
Dans cette perspective, les collectivités publiques, les entreprises et les particuliers peuvent contribuer concrètement à la préservation des ressources naturelles, à la lutte contre le gaspillage et à la réduction des déchets en adoptant un mode d’achat et de consommation responsables.
ACHATS ÉCORESPONSABLES
L’approvisionnement durable désigne l’acquisition de produits et de matériels respectueux de l’environnement tout au long de leur cycle de vie. Il se réfère à un mode d’extraction et d’exploitation des ressources minérales et carbonées, ainsi qu’à un mode de fabrication et de transformation des produits limitant les déchets et maîtrisant les impacts sur l’environnement. Sans oublier le transport et la distribution soumis eux-aussi à des mesures d’économie d’énergie et de prévention du gaspillage.
En effet, la consommation responsable doit conduire les acheteurs, qu’ils soient acteurs économiques, institutionnels ou citoyen consommateur, à effectuer constamment des choix tenant compte des impacts environnementaux des cycles de vie de tout bien, matériau, appareil, produit ou service.
UTILISATION RATIONNELLE
L’utilisation raisonnée des produits figure au cœur de l’économie circulaire. Elle implique le partage et la mutualisation des ressources matérielles, l’allongement de la durée de vie d’objets, d’appareils, d’instruments et de machines par le biais de la maintenance, de la réparation et du marché d’occasions. La vraie valeur économique ne réside pas dans la quantité de produits distribués, mais dans la qualité de leur fonctionnalité et leur durabilité, facteurs essentiels de lutte contre l’obsolescence programmée.
TRANSFORMER LES DÉCHETS EN RESSOURCES
Lorsque la production de déchets ne peut être évitée, les rebuts intègrent le cycle de gestion des déchets : tri, collecte, recyclage et valorisation des matériaux. Lesquels réintègrent le cycle principal de production à travers divers procédés et traitements. Après plusieurs cycles, quand les matières sont trop dégradées pour être réinjectées dans un système de production, celles-ci sont finalement réemployées en métallisation, en compostage ou en combustible. Ce qui est considéré comme un déchet par l’économie linéaire dont la seule issue est l’enfouissement ou l’incinération peut être réinvesti dans l’économie circulaire, renforçant de la sorte le potentiel de création de valeur des matières et des produits, tout en induisant des effets positifs à la fois sur le plan environnemental et social.
SUR LE PLAN COMMUNAL
Voici quelques exemples concrets d’applications locales de l’économie circulaire:
- Concevoir des rénovations et des constructions tenant compte du cycle de vie des matériaux et de la consommation d’énergie grise.
- Promouvoir la démarche «Zéro déchets» auprès des consommateurs, des producteurs et des distributeurs.
- Utiliser des circuits courts pour l’alimentation, promouvoir notamment le label GRTA et l’agriculture contractuelle de proximité :
- Poursuivre la campagne « Réparer plutôt que jeter ».
- Favoriser la récupération et la mutualisation des objets à travers une bibliothèque municipale d’objets.
Angelica Pruncu Cutile
Conseillère municipale
Pour aller plus loin:
- www.economie-circulaire.swiss
- Michael Braungart, William Mc Donough, Craddle to craddle, créer et recycler à l’infini, Editions Alternatives, Paris, 2011
- https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/economie-consommation/info-specialistes/economie-circulaire.html