La compétition reprend : 2 motions vertes, 1 libérale : 3-0 pour les idées vertes.

En ce mois de décembre, dans la douce région du nord-est de la Province de Genève, la population se remet gentiment de la courte victoire dans les urnes des partisans du TRAMWAY, ouvrage pharaonique s’il en est à croire les opposant audit projet ferroviaire.

Heureusement, il n’a plus cours le temps où la défaite vous conduisait à enchaîner les vaincus ou les obliger à se faire Seppuku. Non, nous sommes dans les temps modernes et le Grand-Saconnex vient de rentrer dans le vingt-et-unième siècle à nouveau. Oui au Tramway, oui à une mesure qui permettra à la commune de pacifier son trafic de transit conjointement au tunnel des Nations et au déclassement de la route de Ferney.

Non, le goudron et les plumes n’ont plus cours dans cette partie du monde de l’Imperium Petroleum. Pas que les commentateurs variés de la campagne n’aient pas usés de noms d’oiseaux, voire de commentaires fleurant bon le racisme larvé parfois. Heureusement que personne ne se souvenait du bon vieux « pendons les écologistes tant qu’il y a des arbres » du temps de la mort des forêts au début des années 1980, ni du magistrat sur le retour de justice qui avait osé taxer les cyclistes de « cyclo terroristes ».

Eh oui, Piogre est ainsi une bourgade de moindre importance dont tous les habitants pensent qu’ils ont créés le monde, voire l’Univers. Quant à notre commune, personne ne semble se rendre compte que le salon de l’auto a disparu en 2019 (annulé COVID en 2020, 2021, commercialement en 2022 et Quatarisé en 2023).

Or donc, le CM se réunissait lundi 5 décembre, après des mois d’atonie pré-votation. Et ce fut l’occasion d’y célébrer les valeurs qui nous réunissent : motion verte, pour réviser à la hausse les aides pour les abonnements TPG, acceptée assez facilement. Motion verte pour organiser une assemblée citoyenne acceptée grâce à deux voix plus ouvertes de nos adversaires. Motion libérale pour une amélioration des cheminements cyclables autour de Palexpo et son parc, tout un symbole vous en conviendrez.

Le reste n’est que divertissement et histoire que nous nous racontons. Personne n’a décidé de vendre sa voiture ce soir-là ou de baisser son temps de travail, sa consommation ou son empreinte carbone. Les puissances de l’Imperium Petroleum n’ont pas annoncé la fin des guerres multiples de l’énergie, de la surconsommation blackfridayisée.

Bref, nous allons reprendre nos petites querelles au ras des pâquerettes de Saconésiens avec en mémoire cette éternelle question : maintenant que nos adversaires du jour (1396 votants tout de même contre le TRAM, pour 1485, mais à l’issue de quelle campagne !) nous jugent comme les pires périls pour la préservation de l’environnement local ou global, comment entrer de plein pied dans ce monde de la déraison, post trumpien, où il n’est plus question de convaincre, mais juste de vaincre ?

L’égoïsme du samsuffisme contemporain est majoritairement endossé par les boomers: celles et ceux qui par le jeu des mécanismes économiques des trente glorieuses ont su profiter à plein de la croissance d’après-guerre, puis maintenant des trente années magnifiques de retraites pleines, avec parfois un petit bien dont il faut préserver la valeur, à défaut de pouvoir le transmettre à quelqu’un (qui a déjà vu un enfant habiter chez ses parents, lorsque ceux-ci lâchent leur bien c’est beaucoup trop tard…) ?

Joyeuses fêtes et plein d’énergie renouvelable à toutes et tous, la vôtre, la vie qui est là et toujours là, quoique lui inflige les anomalies cosmiques que nous sommes.

Francisco Bradley, chef de groupe